Les Bleuets de France, une mobilisation au service des victimes des guerres
Orbis Géopolitique
5 novembre 2020


Effroyables ont été les deux guerres mondiales qui ont marqué l’histoire du XXe siècle. L’œuvre nationale du Bleuet de France se mobilise depuis près d’un siècle pour soutenir les victimes de guerre ou du terrorisme. Une œuvre patriote qui continue de lier le peuple à sa mémoire, son armée et ses anciens.


Près de 20 millions : voilà le nombre de morts estimé à l’issue de la Grande Guerre. Frappée en son cœur et laissant une génération d’hommes sur les champs de bataille, la France sort profondément marquée du conflit. Par solidarité et esprit de fraternité, une œuvre caritative née en 1916, mais relancée en 1925, sous les mains de Charlotte Malleterre, fille du commandant de l’Hôtel national des Invalides et de Suzanne Lenhardt, infirmière-major. Cette organisation, orientée vers les invalides de guerre, prévoit la mise en place d’ateliers à l’Institution nationale des Invalides où les pensionnaires peuvent fabriquer des bleuets en tissu qu’ils vendent sur la voie publique. L’argent récolté est reversé aux invalides et à leurs familles. En 1991, l’association est dissoute. Elle est remplacée par l’œuvre nationale du Bleuet de France et est intégrée à l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Son champ d’action s’étend et permet de prendre en compte, aujourd’hui, les veuves de guerre, les pupilles de la Nation et les victimes du terrorisme.

Pourquoi le bleuet ? Il rappelle tout d’abord la couleur bleue du drapeau français, mais aussi des uniformes que portaient nos soldats durant la Première Guerre mondiale. Le bleuet évoque également les fleurs qui poussaient dans la boue des tranchées et qui, bien que tâchées de sang, demeuraient comme de petits éclats de couleur au milieu de l’enfer. Dans le jargon militaire, les « bleuets » signifiaient aussi les jeunes recrues, souvent inexpérimentées, arrivées au Chemin des Dames et qui, pour beaucoup, ont offert leur vie au champ d’honneur. Autant de symboles et allusions qui permettent de voir, en cette fleur innocente, une image de nos anciens morts et blessés au combat.

 

Derrière le symbole, une mobilisation nationale

L’œuvre nationale du Bleuet de France est reconnue d’utilité publique, ce qui témoigne de l’intérêt que lui portent les plus hautes instances de notre pays. Disposant donc d’une légitimité particulière, cette association est dotée de deux missions principales. La transmission de la mémoire, tout d’abord, car le bleuet doit permettre d’intensifier, du moins de conserver, le souvenir de ceux qui sont tombés pour la France. D’un point de vue plus matériel, c’est également la solidarité avec les victimes de guerre que visent les collectes entreprises par cette œuvre. Les sommes amassées sont en effet destinées au soutien financier des invalides, des familles ou plus généralement des victimes de conflits. 58 % des recettes sont affectées au profit des ressortissants de l’Office, 25 % pour organiser des manifestations de mémoire à l’attention des jeunes et 17 % pour la promotion de l’œuvre. Les 8 mai et 11 novembre, chacun de nous peut, de cette façon, observer une large mobilisation bénévole de vente de bleuets à travers toute la France. Y participer revient donc à accompagner, mais surtout, à ne pas oublier, ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie, tout ou partie, pour nous.

Le Ministère de l’Éducation nationale, l’École de Guerre, l’Institut des Hautes-Études de Défense nationale, les Fédérations françaises de football et de rugby, mais également de nombreuses entreprises et administrations de défense, de mémoire et de mutuelles sont partenaires des Bleuets de France. Cela démontre combien l’ensemble de la société se sent concerné par cette initiative. Notons également que les Bleuets de France apportent aussi leur soutien aux militaires déployés sur les théâtres d’opérations extérieures. Cette solidarité s’adresse donc à l’ensemble des forces armées qui ont été ou qui sont engagées dans des situations de conflit.

 

Alors que la même tradition existe dans le Commonwealth avec le coquelicot ou en Belgique avec la marguerite, l’œuvre des Bleuets de France s’inscrit dans un ensemble structuré de solidarité et de transmission. Le 11 novembre donc, alors que la France commémorera l’anniversaire de la fin des combats en 1918, de nombreux bénévoles seront présents pour entretenir la fraternité qui existe entre une nation et ses plus éléments les plus fragiles.